Histoire des elog Mpoo
Les Elog Mpoo représentent un ensemble de 14 clans se réclamant d'un ancêtre éponyme commun Nnanga Mbang Ngue alias Mpoo Mingenda Milibet Ben (l'eau de la chute qui ne remonte jamais à sa source), et de ses collatéraux Njob Mbang, Nso'o Mbang, Peke Mbang.
Ces clans sont :
les Adie descendants de Adie, fils de Likande, fils de Mpoo. Ils sont localisés dans les arrondissements d´Edéa dans la Sanaga maritime, et de Kribi dans l´Océan. Ils se séparèrent des autres groupes à Mongobè. Deux migrations pour ceux d´Edéa, trois pour ceux de Kribi. Après la défaite des Yakalak en 1892, le pays Adiè fut vite conquis. Ils avaient une importance stratégique durant la période précoloniale dans le commerce avec les Européens car situés au terminus de la partie navigable de la Sanaga. Ils parlent le bakoko.
les Badjob descendants de Njob, fils de Mbang, jeune frère de Mpoo. Ils sont localisés dans les arrondissements de Messondo et Bôt Makak dans le Nyong et Kelle, Lolodorf dans l´Océan, et Yabassi dans le Nkam. Ils ont traversé la sanaga au pont de Kikot. 1, 2 ou 3 migrations selon les groupes. Ceux de la rive gauche de la Sanaga obligèrent Morgen à changer de rive quand il se rendait à Malimba. Ils parlent le basaa et le bakoko est leur langue rituelle.
les Bakoko du Mungo les uns descendants de Peke fils de Mbang et les autres de Biangue fils de Mpoo. Ils sont localisés dans l´arrondissement de Dibombari dans le Mungo. Trois migrations principales depuis Ngog Litua. Piti, Duala, Dibombari. Ont fui la promiscuité avec les Duala. Peke arrive avant Bwanè. Les Yapeke ont intégré des groupes d´Eséka, de Yapouma, de Yakalak. Ils parlent le bakoko.
Les Bakoko du wuri descendent de Pomanè, fils de Mpoo. Ils sont localisés dans l´arrodissement de Douala III dans le Wouri. Leur séjour à Piti a entraîné des brassages avec les Yakalak, les Ndonga, Elog Ngahè. Très tôt se sont installés sur la Dibamba. Ils parlent le bakoko.
Les Biso'o descendants de Nso'o fils de Mbang. Ils sont localisés dans l´arrondissement de Ndom dans la Sanaga maritime, et de Kribi dans l´Océan. Les premiers n´ont connu aucune migration. Ils parlent le bakoko biso'o.
les Dibom neuveux ou cousins germains des Mbang, descendent d'un oncle de Mpoo. Le segment lignager auquel ils se rattachent demeure à éclaicir. Ils occupent le district de Nord Makombé, arrondissement de Nkondjock et parlent une langue proche du Bakoko.
les Mbang neveux de Ngue, oncles de Mpoo. Se rattachent à Mban, père de Mpoo. Ils sont localisés dans l´arrondissement de Nkondjock dans le Nkam. Deux migrations principales: de Ngog Litua à la côte, puis de la côte à leur emplacement actuel en remontant le Wouri puis la Makombé. Là ils trouvèrent les Dibom qui leur cédèrent du terrain. Fin du 19è, guerre avec les Bandem pour se rapprocher de Yabassi, devenu un centre commercial important. Ils parlent le mbang bakoko (langue secrète du njee bakoko et basaa).
les Ndog Biso'o fils de Biso'o fils de Ang, fils de Mpoo . Ils sont localisés dans les arrondissements d´Edéa dans la Sanaga maritime, de Lolodorf dans l´Océan et de Messondo dans le Nyong et Kelle. Franchirent la Sanaga vers Sakbayémé. Deux migrations : Au 19è, guerre contre les Fangs, Evuzok, Ngumba, Yansa et Batanga. Rançonnaient les convois allemands sur les routes de Yaoundé-Kribi et Kribi-Edéa. Traité du 23.06.1896 avec le Lt Von Stein. Ont intégré les pygmées. Furent les plus grands fournisseurs d´ivoire vendu par les Adiè et les Yakalak de l´embouchure de la Sanaga. Ils parlent le basaa et le bakoko est leur langue rituelle.
les Ndonga descendent de Mbambo, fils de Mpoo. et sont localisés dans l´arrondissement de Dizanguè dans la Sanaga maritime. Ils disent être passés à Piti. Ils parlent le basaa-ndonga,
les Yabii descendent de Bii, fils de Likika, fils de Mpoo. Ils sont localisés dans les arrondissements d´Edéa dans la Sanaga maritime, de Kribi et Lolodorf dans l´Océan. Ils parlent le basaa et le bakoko est leur langue rituelle.
les Yakalag fils de Mpam surnommé Kalaki, fils de Mpoo., fils de Mpoo. Ils sont localisés dans les arrondissements de Mouanko et Dizanguè dans la Sanaga maritime. Ont intégré plusieurs sous-clans des divers clans Mpoo. Après Ngog Litua, séjournèrent à Piti. Migrations successives. Servaient d´intermédiaires entre les Malimba et les Adiè dans le commerce avec les Européens. Leur résistance aux Allemands fut la plus acharnée et la plus sanglante du Cameroun. Traité de Décembre 1892 avec Wehlan. Mais il fallut 10 ans pour rétablir l´ordre dans la région.
les Yambong descendants de Mbong, fils de Ang, fils de Mpoo ;
les Yasuku descendants de Ngangoe, fils de Linyima, fils de Mpoo. Ils sont localisés dans l´arrondissement d´Edéa dans la Sanaga maritime. Franchirent la Sanaga en amont d´Edéa. Descendirent jusqu´au Nyong qu´ils franchirent et se heurtèrent aux Mabéa. Se replièrent sur la rive droite, empêchèrent les caravanes allemandes de traverser le Nyong. Ils parlent le bakoko.
les Yawanda descendants de Ekoum, fils de Mpague, fils de Mpoo. Ils sont localisés dans l´arrondissement d´Edéa dans la Sanaga maritime. Franchirent la Sanaga en amont d´Edéa. Descendirent jusqu´au Nyong qu´ils franchirent et se heurtèrent aux Mabéa. Se replièrent sur la rive droite, empêchèrent les caravanes allemandes de traverser le Nyong. Ils parlent le bakoko.
Des rapports de parenté existeraient en outre entre les Mpoo et certains groupes identifiés à Etoudi chez les Beti du Mfoundi, Batsenga et Nanga Eboko, Kumba et Mundemba. Ces liens sont établis avec les Yembong du Sud Cameroun, qui sont les descendants de Mbong et frères des Yambong.
La mémoire orale des Elog Mpoo affirme qu´ils viennent d´Egypte antique et des régions tchadiennes.
La dynamique d'enracinement de l'identité culturelle des Mpoo a pour particularité l'appartenance à deux des plus grandes cosmogonies des peuples Bantou qui sont l'eau et la forêt. Ceci fait de la culture Mpoo l'une des plu riches du Cameroun.
Qu'est-ce que l'ACTEM
ACTEM est l'Acronyme de Assemblée Coutumière et Traditionnelle des Elog Mpoo. Cette appellation dissimule une notion de peuples (en réalité des lignages ou clans) et une organisation structurelle qui sert de support audit peuple. Ces clans ont en outre en commun la langue (Bakoko langue d'origine ou Bassa langue d'adoption), la culture et les traditions.
Cette structure a pour mission fondamentale de consolider l'unité et l'identité des Elog Mpoo, de promouvoir et renforcer l'esprit de solidarité dans le temps et dans l'espace entre les générations passées, présentes et futures ; l'enrichissement, l'actualisation et l'adaptation des coutumes et traditions dans la dynamique des mutations sociales.
Ses missions spécifiques sont : la connaissance de l'histoire, des coutumes, traditions, terroirs et langues Mpoo, ainsi que les recherches scientifiques dans ces domaines ; la transmission des connaissances ; l'expression courante de la fraternité et de la solidarité entre les Elog Mpoo ; la participation à une société nationale (camerounaise) plurielle et englobante.
Elle est structurée cmme suit:
l'Assemblée Générale qui est la structure de rassemblement;
le Conseil Mpoo qui est la structure d'orientation, de concertation, de délibération et de contrôle;
le Bureau Mpoo qui est la structure d'animation, d'administration et de gestion.
Ce dernier comporte des organes décentralisés qui sont:
- la Jeunesse Elog Mpoo,
- les Bureaux des cantons;
- les Coordinations Régionales,
- les antennes et les Amicales Nationales.
Le Conseil Mpoo comporte quant à lui des Organes spécialisés que sont:
(1) la Chambre Coutumière et Traditionnelle, structure de conciliation et d'arbitrage intra et inter clanique, compétente pour les questions relatives à la coutume et aux traditions. Elle peut être érigée en Commission de discipline en cas de nécessité ;
(2) le Commissariat aux comptes.
Un long cheminement
Les péripéties de l'après-guerre et les soucis de positionnement ont amené la rupture de l'alliance Mpoo-Bassa au sein de l'Amicale de la Sanaga Maritime (ASM). C'était en 1947. Cette rupture a failli provoquer une confrontation sociale à Edéa. Mais quelques Sages ont opté pour un retour aux sources
(Ci-dessous, les Membres de l'Amicale de la Sanaga Maritime, avec à l'extrême gauche, debout, Oum Nyobé)
Ainsi, quelques grands hommes Mpoo se sont réunis autour de Thomas François OMOG LOKABO et Thomas MIYEMEG mi SIM pour redonner vie à l'alliance naturelle, de sang, entre les divers clans Mpoo disséminés dans la forêt et le littoral du sud Cameroun. Après avoir sensibilisé l'ensemble des clans et des fils Mpoo dans les principales villes, une assemblée des clans Mpoo fut convoquée à Edéa en 1948. Au cours de cette rencontre et afin d'éviter tout amalgame politique avec la montée nationaliste dont la Sanaga Maritime était le berceau, les représentants des clans Mpoo adoptèrent la dénomination Assemblée Coutumière et Traditionnelle.
(Le Patriarche Thomas OMOG LIKABO ci-dessous)
C'est une assemblée traditionnelle et non une association, où la démarche démocratique épouse la tradition. Pour éviter la rigidité statutaire, cette Assemblée permet une libre expression culturelle des clans et des fils Mpoo. Car il s'agit de restaurer, d'amplifier la culture Mpoo dans toutes ses composantes en affirmant son unité fondamentale et essentielle. Il ne s'agit ni de créer cette culture, ni de l'assimiler à une autre.
Cette Assemblée est Coutumière et Traditionnelle. Elle laisse chaque clan Mpoo vivre son histoire particulière, sans hégémonie, sans embrigadement, sans ingérence, mais dans le souci de lui permettre d'être et de se montrer totalement Mpoo, avec fierté et dans la dignité.
Le Patriarche Thomas Miyemeg Mi Sim
Minorités dans les espaces géographiques de leur habitat naturel, les clans Mpoo trouvent dans l'ACTEM l'énergie nécessaire pour résister à la tentation de l'assimilation et du mimétisme.
C'est ce qui fait l'extraordinaire richesse, la diversité et la beauté de la fête Mpoo qui est un moment de partage et de communion entre frères et sœurs Mpoo. (Exécution du chant de ralliement)